Un projet, initié par David (F8AKS) en collaboration avec la directrice de l’école, a permis aux élèves d’une classe de CM1 et CM2 de découvrir, pendant une matinée, quelques facettes du radioamateurisme.

Avant de quitter leur classe pour les vacances de Pâques, les élèves de CM1 et CM2 de l’école Saint-Jean à Saint-Erblon (35) ont pu découvrir quelques facettes des activités propres aux radioamateurs. David (F8AKS) avec l’accord de la directrice et enseignante en CM2, Isabelle, avait planifié cette opération.

La genèse du projet

C’est en fin d’année 2021 que David a demandé l’aide de quelques volontaires de l’ARA35 (Association des radioamateurs du département d’Ille-et-Vilaine) pour monter cette opération de découverte de la radio à travers les activités des radioamateurs. Au cours d’une réunion, début 2022, David a fait part des premières idées et des grandes lignes qui allaient guider cette intervention en milieu scolaire. Il s’en est suivi une discussion animée au cours de laquelle les participants ont pu donner leur avis sur la manière de procéder. Pour la plupart d’entre nous, parler « des ondes » à des enfants d’une dizaine d’années, en fin de primaire, semblait difficile tant le sujet est abstrait. Et pourtant… la suite devait nous montrer que ces enfants, dont la culture scientifique est encore très basique, allaient mordre à l’hameçon.

L’écoute… la curiosité … l’expérimentation.

Pour illustrer ces propos, il a également fallu choisir quelques activités de découverte. Parmi les participants, Jean-Pierre (F4SGU), qui assure un contact radio matinal quasi quotidien avec la Nouvelle-Calédonie, a suggéré d’en faire la démonstration à cette occasion. Adopté à l’unanimité, d’autant que le correspondant, Jacques (FK8GU), est un ancien directeur d’école vite séduit par l’idée.

Nous avions également évoqué la possibilité de faire écouter des contacts à travers les WebSDR (réseau de stations radioamateurs reliées par internet que tout le monde peut écouter sur un ordinateur ou une tablette), les enfants étant habitués à utiliser un ordinateur.

Et comme l’image est omniprésente dans notre société d’aujourd’hui, quoi de mieux que la télévision pour capter l’attention de notre jeune public ? La SSTV (télévision à balayage lent, présentant l’intérêt de voir une image se former lentement tout en entendant le son caractéristique dans le récepteur) a donc été retenue.

Évoquer l’histoire de la radio était aussi une préoccupation et le morse tout adapté à la chose ! Qui plus est, nous savions par expérience que la télégraphie morse étonne, interroge toujours ceux qui assistent à une telle démonstration.

Les radioamateurs parlent entre eux pour communiquer. David a eu l’idée de reprendre une expérience de radio-construction : un groupe doit faire reproduire à un autre une construction (à l’aide de cubes, Lego, etc.) « en aveugle » lui donnant les instructions à distance grâce à la radio, ici une paire de talkies-walkies LPD/PMR.

Cerise sur le gâteau, afin que les enfants se souviennent de cette découverte, David a pensé leur offrir un kit de manipulateur morse avec buzzer incorporé.

La date était retenue en concertation avec les enseignants, un jeudi matin juste avant les vacances de Pâques. Forts de cette trame, il ne restait plus aux volontaires qu’à préparer cette matinée.

Les préparatifs

La répartition des tâches était simple à faire : au moins un radioamateur par activité. Sept personnes s’étant rendues disponibles, tout allait pour le mieux. Un document, quasiment minuté, a été remis par David à la directrice de l’école, décrivant par le menu le déroulement des opérations.

En plus de son rôle de coordinateur entre l’école et les radioamateurs, David a dû terminer la préparation du kit manipulateur avec l’aide de son épouse et de ses enfants : 40 ensembles à mettre sous enveloppe, accompagnés d’une notice de montage qui ferait pâlir, par sa précision, un célèbre fabricant de meubles scandinaves habitué aux approximations et aux devinettes.

Mais comme souvent, un petit grain de sable est venu perturber cette belle organisation. Panne du moteur de rotation d’antenne chez Jacques, en Nouvelle-Calédonie, mais vite réglée malgré la complexité de l’opération. Puis, ce fut la propagation des ondes très perturbée par les sautes d’humeur du soleil, qui nous a fait comprendre, dès le début de la semaine, que les liaisons confortables établies au quotidien entre Jacques et Jean-Pierre, étaient un cadeau que nous n’aurions pas pour la démonstration. Il faudrait donc remplacer cette liaison par de l’écoute…

Le mercredi après-midi, nous rencontrions Isabelle, la directrice enseignante des CM2 et Anne-Cécile, sa collègue de CM1, pour visiter les lieux et décider de leur agencement en vue des différentes activités. Dans le même temps, Jean-Pierre (F4SGU dans l’impossibilité de revenir le jeudi matin) et Serge (F5OIJ, coiffé de la double casquette de volontaire mais aussi de correspondant local pour le quotidien Ouest France qui fera paraître un article), montaient les antennes pour l’émission-réception en ondes courtes (une verticale demi-onde avec radians filaires pour la bande des 20 m), une verticale pour la réception SSTV et un doublet pour compléter l’équipement de réception.

Jour J comme Jeudi !

Le jeudi matin, à 8h30 pile à cause d’un planning plutôt serré, nous faisions connaissance avec notre petit monde : 36 élèves excités comme des puces, prêts à découvrir l’inconnu. Nous étions sept, certes moins excités mais plus anxieux, à nous demander si nous atteindrions notre but et saurions capter leur attention sur un sujet aussi complexe ! David F8AKS, chef d’orchestre, François F5SDH, Eric F4FAP, Serge F5OIJ, Stéphane F8CFE, Guillaume F4IOG et Denis F6GKQ.

La présentation faite par David s’est terminée sur une démonstration pratique de communication entre deux sujets au moyen d’un procédé que la jeune génération ne connaissait pas – deux pots de yaourt reliés par une ficelle tendue – qui les a bien étonnés. Vibrations sonores, pas électromagnétiques, mais communication bilatérale quand même !

Place ensuite aux « ateliers » auxquels, divisés en groupes de 9, ils allaient participer à tour de rôle. L’écoute radio était sous la supervision de François et Serge qui ont noté l’étonnement des enfants en entendant des gens parler dans des langues étrangères et en prenant conscience de la distance à laquelle ils se trouvaient. Quelques mètre plus loin, avec Eric et Guillaume, ils allaient voir se former sur l’écran de l’ordinateur d’étranges images transmises « en télévision à balayage lent ». Pendant ce temps, David et Stéphane leur permettaient de reproduire, dans des salles séparées en échangeant par talkie-walkie, une construction, ce qui a permis aux enfants d’apprendre qu’il faut être très précis quand on veut qu’une directive soit comprise à distance. Enfin, ils découvraient le morse en compagnie de Denis qui devait deviner le prénom de chacun des enfants, ceux-ci le manipulant à l’aide de l’alphabet de Samuel Morse placé sous leurs yeux. Les manipulateurs étant des modèles du kit réalisé par David, certains enfants en voulaient les plans afin d’en reproduire chez eux…

Impossible de douter de leur intérêt quand nous avons eu du mal à les faire sortir pour prendre une petite récréation, tant ils étaient captivés par ce monde nouveau qu’ils découvraient et nous pensons que leurs parents ont certainement entendu parler de ces expériences dès leur retour à la maison !

En guise de conclusion de cette matinée

Nous ne pouvions nous quitter ainsi et les jeunes apprentis radio ont été regroupés dans la classe afin de savoir ce qu’ils avaient retenu de cette matinée. Parmi leurs réflexions : « Je n’avais jamais entendu parler du radioamateurisme », « Je ne savais pas que des radioamateurs pouvaient se parler à aussi grande distance », « J’ai entendu des gens de plusieurs pays, c’est très intéressant », « J’ai parlé dans un appareil radio, un talkie-walkie, avec des autres », « Maintenant je sais faire du morse »,  « Comment fait-on pour devenir radioamateur ? »… Du gâteau pour les intervenants !

Bien sûr, ce type de projet éducatif sur une matinée demande une préparation assez rigoureuse mais quelle satisfaction de voir l’enthousiasme des enfants, leur plaisir quand ils ont reconnu une langue étrangère parlée sur les ondes, leur joie quand ils ont réussi à manipuler leur prénom en morse… Et leurs remerciements en quittant la classe ont été notre plus belle récompense.

Denis, F6GKQ & photos Serge, F5OIJ